Comme tout artiste peintre, je m'impose ces séances de peinture quotidiennes dans mon atelier. A ceci près que le petit outillage traditionnel et la matière première sont remplacés par un puzzle, acheté dans le commerce, reproduisant une peinture célèbre ; seul moyen pour moi de ne pas abandonner la peinture. Beaucoup ressentiront de la commisération pour ce labeur arride et hébétant que je mimpose, quils se détrompent la réalisation dun puzzle, est en tout point identique à la peinture traditionnelle, tant par les problématiques de forme, couleurs, cadre, que par sa durée, pièce après pièce, touche après touche (que de temps passé à trouver la touche juste, la couleur ou lélément qui va là, rien que là), sinon que le travail à partir de la peinture des autres artistes est plus direct, et que le puzzle débarrasse de tout ce qui encombre et disperse comme la vanité de création, et nous invite à la patience. Leffet de craquelure saisissant, attire le visiteur tel un papillon vers un bec auer, pour quil sy brûle, le renvoyant ensuite à lui-même mieux quaucune peinture conventionnelle, de plus ces Transcriptions permettent à tout conservateur de posséder luvre manquante dans sa collection. Craquelures modernes de la production, peinture modeste, le puzzle questionne le temps, et s'y employer sans modération évite de s'adonner aux vanités de ce monde. cependant cette peinture minutieuse, sans odeur, qui prépare à la perfection, et présume de ladmission post-mortem au nombre des élus, ne rend pas son praticien en odeur de sainteté auprès de ses contemporains.1998, premières Transcriptions en volume : «Le Baiser» de Rodin, la «Vénus de Milo», etc.
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